"Thérapie de groupe"

Antidote, Sep'98

03 Septembre 1998

Les journalistes du fanzine Antidote ont eu la primeur d'interviewer le groupe dans son ensemble après la sortie de leur second album. Interview d'ailleurs tout particulièrement orientée sur le disque lui-même, sa gestation, mais aussi son futur, et les différentes retombées principalement au niveau de la presse Anglaise, rarement tendre avec Placebo...


Quelle est la chanson de Without You I’m Nothing que vous préférez ?

Brian: Je n’ai pas réellement de chanson préférée … Je pense que c’est un peu comme si tu demandais à des parents lequel de ses fils ou laquelle de ses filles ils préfèrent. Il y en a certaines qui me touchent plus d’un point de vue personnel car je parle de personnes en particulier mais je crois vraiment que je n’ai pas de préférence …


… sûr ?

Brian: … oh, peut être My Sweet Prince. Tu comprends, elle est tellement proche de moi …


Stef ?

Stefan: En fait ça varie. En ce moment, celle que je préfère, c’est Allergic. C’est la première chanson qu’on a écrite avec Steve et je la trouve vraiment divine. Elle arrive à point nommé sur l’album et j’adore la symbiose entre la guitare et la basse ainsi que la façon dont la voix de Brian se pose. Le rythme de la voix plus précisemment.

Brian: C’est un titre vraiment unique (il chantonne)

Steve: Oui, c’est une œuvre de génie !!!


Et pour toi Steve ?

Steve: J’aime vraiment l’album dans son intégralité. Je suis un peu comme Brian, je ne peux pas vraiment faire de choix. Je suis assez fier de ce que nous avons réussi à faire de Brick Shithouse par exemple. Nous ne lui avions jamais donné de version définitive en live et là, lorsque nous l’avons enregistrée pour l’album, nous nous sommes aperçus de l’impact et de l’énergie qu’elle dégage. Ce qui n’a pas été le cas pour Kitsh Object.


En effet, pourquoi ne figure-t-elle pas sur l’album ?

Brian: … à la poubelle !

Steve: C’est un titre qui fonctionnait bien sur scène mais qui n’a rien rendu quand on a voulu l’enregistrer. Nous n’étions jamais satisfait du résultat final, alors on a abandonné. Elle refera peut-être surface un jour…

Brian: On a essayé une quinzaine de fois mais ça ne rendait rien, en plus je n’arrivais pas à y accoler ma voix correctement, c’était pitoyable. Il y a vraiment quelque chose qui ne va pas avec ce titre. Je pense que c’est juste un « live track ».


Comment avez-vous travaillé à l’élaboration de Without You I’m Nothing ?

Brian: En fait le plus gros du travail des titres dits « rock » s’est fait au cours des soundchecks pendant la tournée. Nous apportons tous les trois des éléments variés et nous les travaillons ensuite ensemble. Par exemple, pour Every You Every Me, c’est Stef qui a élaboré le jeu des guitares lorsqu’il était en Suède. Pas mal de choses sont également sorties du studio de démos à Londres.

Notre méthode de travail a bien évolué. Ce que l’on fait à présent, c’est qu’on arrive en studio avec juste un loop et on brode tout autour. C’est comme ça que Pure Morning est née et c’est certainement comme ça que nous allons appréhender le troisième album. Nous avons d’ailleurs déjà commencé à composer quelques nouveaux morceaux. Il sera sûrement plus électronique, disons demi-demi. Si vous voulez un indice, il faut prendre Pure Morning comme base de référence pour le futurde PLACEBO.

Stef: C’est une nouvelle approche et cette nouvelle source d’inspiration nous motive énormément.


Vous pensez le sortir plus rapidement que le dernier ?

Brian: On ne sait pas encore car la nouvelle tournée sera volontairement très longue. Il faut que l’on tourne aux Etats Unis et ça , ça prend déjà six mois.


Pour revenir à l’album, c’est toujours Brian qui écrit toutes les paroles ?

Brian: Oui. A part pour Every You Every Me que j’ai co-écrit avec Paul Campion, le chanteur de A.C. Acoustics qui est un de mes meilleurs potes. Pendant le mixage, nous ne nous entendions pas vraiment avec le producteur Steve Osbourne et j’avais encore pas mal de textes à écrire et j’étais tellement déprimé et bloqué que j’ai dû appeler Paul à la rescousse. C’est une des rares personnes qui écrit des paroles que je respecte. Il est venu une semaine à Londres et nous avons travaillé sur You Don’t Care About Us et Every You Every Me. C’était la première fois que je travaillais avec quelq’un d’autre sur les paroles ; c’est différent. Steve me donne souvent des directions à prendre, il m’aide à m’orienter vers la bonne voie mais de façon générale, tout part toujours de moi.


Il faut bien te complimenter sur les textes car ils sont magnifiques …

Brian: J’en suis vraiment très fier. Sans vouloir être prétentieux ou arrogant, je ne pense pas qu’il y ait beaucoup de personnes qui écrivent des textes aussi honnêtes … à part peut-être PJ Harvey !


Tes textes sont très personnels mais touchent profondément l’auditeur, comment expliques-tu cela ?

Brian: Plus « tu fais personnel », plus ça devient universel et c’est pour cela que je suis si nu et si vulnérable sur cet album. C’est une position assez risquée mais je préfère être moi à 100%. J’arrive à extérioriser dans mes textes des choses que je ne parviens même pas à dévoiler à Steve ou à Stef, c’est pour vous dire !


N’as tu pas peur des déferlantes de la presse anglaise qui fait souvent de toi son bouc émissaire ?

Brian: Je suis vraiment incompris en Angleterre. La presse s’attache à des détails sans importance et lorsque tu fais une interview, les journalistes n’entendent que ce qu’ils veulent bien entendre, ils retiennent uniquement ce qui les arrange du moment qu’il y ait du sensationnel et du ragot. Honnêtement je vais vous dire, je pense sérieusement quitter l’Angleterre un jour ou l’autre à cause de ça. Je ne peux plus y vivre ; ils arrivent vraiment à te pourrir la vie. Tu essaies d’être sincère et on te baise la gueule. Ca me rend vraiment triste.


Nous avons aussi quelques a prioris sur les mentalités anglaises…

Brian: Les anglais sont totalement faux-culs et surtout très jaloux. J’aimerais partir mais c’est assez difficile car Stef a son petit ami, Steve sa petite fille et je n’ai pas envie de me retrouver tout seul !