Placebo 8 jours en France

Rock Mag, Jun'03

Rock Mag : Entre la promo pour la sortie de l’album et les différentes dates, vous passer actuellement beaucoup de temps chez nous. Cela confirme votre relation particulière avec la France ? 


Brian Molko : Absolument. Il y a une véritable histoire d’amour entre le public français et Placebo depuis le premier album. Avec le recul, je crois que nous connaissons un peu le même phénomène que d’autres groupes anglo-saxons, tels que The Cure ou Depeche Mode, qui, de même, ont toujours eu avec la France une relation privilégiée. Il y a, dans notre musique, quelque chose qui tient du romantisme, quelque chose d’assez sombre. Hors, cet univers, notamment grâce à votre littérature, Baudelaire, Bataille, vous est assez familier. C’est sans doute une des raisons de notre compréhension mutuelle. C’est d’ailleurs aussi une des raisons qui font que nous aimons vraiment Paris. 


Rock Mag : Pourtant, beaucoup d’Anglais considèrent notre capital comme une ville culturellement sinistrée… 


Brian Molko : Oh, nous ne sommes pas d’accord avec cette vision de Paris ! C’est sûr, en Angleterre, il y a une vraie culture de clubs, et il se passe toujours un truc, quelle que soit l’heure du jour ou de la nuit. Paris est beaucoup plus relax, mais il s’y passe aussi une tonne de choses. 


Steve Hewitt : À Londres, les domaines artistiques sont très cloisonnés. Certes il y a une intense activité musicale, mais les possibilités de connexions avec d’autres formes d’art sont très restreintes. À Paris, il y a vraiment un crossover intense qui permet aux musiciens de rencontrer et de collaborer avec des peintres, des cinéastes ou des couturiers. 


Brian Molko : Agnès B. est une très bonne amie à moi, et je travaille aussi avec Eddie Simane, un jeune couturier français. Ce genre de rencontre ne serai sans doute pas possible à Londres, où le côté fashion prend fréquemment le pas, et où les échanges sont souvent plus superficiels. 


Steve Hewitt : Et puis vous avez une architecture fabuleuse ! Non, Paris est vraiment une ville magique. Mais ne compter pas sur nous pour vous dire nos lieux de prédilection ! C’est top secret ! 


Rock Mag : Egalement en rapport à votre facination pour la France, il parait que vous vous préparez à sortir une reprise de Serge Gainsbourg, c’est exact ? 


Brian Molko : Effectivement, nous avons enregistré une version assez hip hop de « La ballade de Mélodie Nelson » avec Dimitri Tikovoï (Trash Palace), et elle devrait sortir sous peu sur une compilation de reprises de Gainsbourg en anglais. C’était très intéressant de travailler là-dessus. 


Rock Mag : Vous effectuez actuellement une tournée dans toutes la France. Quelles sont vos premières impression après le printemps de Bourges ? 


Brian Molko : On doit dire que l’accueil est vraiment fantastique ! 


Steve Hewitt : La date à Bourges était extraordinaire ! C’était la folie. Le public nous a vraiment poussé à nous dépasser, et ce fut incroyable. 


Brian Molko : Curieusement, plus nous vieillissons et plus nos shows deviennent énergiques. C’est assez surprenant. 


Steve Hewitt : Le concert privé au Man Ray fut aussi une bonne expérience. Malgré la chaleur insoutenable ! C’était vraiment dur de donner le meilleur de soi sous une telle température, mais, au final, ça a été un très bon concert. 


Rock Mag : Après ces six dates, vous allez revenir en France en octobre pour une nouvelle tournée et une date événement à Bercy. On imagine que vous allez bien nous préparer quelque chose de spécial au vue des dimensions de la salle, non ? 


Brian Molko : Rien n’est fixé, mais nous allons effectivement tenter de présenter un show différent. La surface d’une salle telle que Bercy atténue obligatoirement la teneur intimiste d’un concert. Il faut trouver d’autres choses susceptibles de rendre le show intéressant. Il y aura donc sans doute des effets visuels plus développés, avec des caméras ou d’autres choses. Nous sommes en train d’y réfléchir. Et puis il y aura très certainement un ou deux groupes présents cette dates pour nous accompagner. Nous avons des projets mais rien n’est confirmé à l’heure actuelle. Il va falloir attendre un peu pour savoir avec qui nous joueront. Surprise… 


Rock Mag : Il y a déjà du changement sur scène puisqu’un cinquième membre a rejoint le groupe toute la durée de la tournée. 


Brian Molko : Oui, effectivement. Xavier nous a rejoints depuis peu et nous sommes donc cinq désormais. Nous l’avions rencontré sur le tournage du film « Velvet Goldmine », et c’est devenu un bon ami. Il joue du clavier depuis un bout de temps et, tout naturellement, nous avons fait appel a lui lorsque nous avons eu besoin d’une personne supplémentaire pour assurer certaines nouvelles partie en live. Il crée des atmosphères et s’occupe essentiellement des machines, des samples et d’autres gadgets sonores, ce qui nous permet de rester concentrés sur la partie la plus organique, la plus rock de notre musique. 


Rock Mag : Des rumeurs insistantes, il y a quelques mois, annonçaient la parution imminente d’un album live, hors rien n’est sorti. Est-ce toujours d’actualité ? 


Brian Molko : Nous ne voulions pas sortir de live « classique ». Nous trouvons le concept du live assez rétro, et nous avions peur de donner un mauvais message a nos fan. Les albums live sont souvent là pour pallier au manque d’inspiration ou pour clore une période bien précise. C’est pourquoi nous étions partie dans une optique plus acoustique. Nous voulions sortir un live cabaret, enregistrer dans un petit club, avec des versions vraiment différentes des morceaux. Mais ce projet n’a finalement pas vu le jour. Le format DVD nous intéresse aussi beaucoup. Pourquoi se cantonner à la musique quand la technologie actuelle nous permet, grâce à d’autres supports, de pouvoir aussi utiliser les images ? C’est quelque chose auquel nous réfléchissons beaucoup actuellement. Pourquoi pas un DVD du concert de Bercy ? Ce genre de show se prête sans doute à un enregistrement vidéo. Nous verrons. Rendez-vous en octobre.